Génération post-soviétique: Romas, un enfant de la liberté (2025)

Le 26 décembre 1991, l’URSS était officiellement dissoute, point final de la dislocation des régimes communistes en Europe de l’Est et dans une partie de l’Asie centrale. À l’occasion de ce trentième anniversaire, RFI vous propose une série de portraits de jeunes ayant grandi dans l’espace post-soviétique. Quelles sont leurs aspirations? Que gardent-ils de l’héritage de cette période? En Lituanie, Romas Zabarauskas, 31 ans, est devenu un cinéaste de plus en plus reconnu, mais aussi un activiste de la cause LGBT.

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De notre correspondante régionale,

Grenoble, Aix-en-Provence, la Floride et encore Tel-Aviv. Malgré la pandémie, Romas Zabarauskas a passé l’année2021 dans un avion pour projeter ses films dans le monde entier. Son dernier long métrage, Tomber pour Ali est même désormais disponible en DVD en France. La consécration pour ce parfait francophone. Au festival de cinéma LGBT de Tel-Aviv, il a célébré une décennie de cinéma avec une rétrospective qui lui a été consacrée.

Né en 1990, Romas Zabarauskas a grandi avec la Lituanie. « Mes parents ont accueilli cette liberté avec beaucoup d’enthousiasme », raconte le cinéaste. Ils les entraîne, lui et son frère, au théâtre, dans les expositions et leur fait découvrir l’art contemporain. « C’était une manière de fêter cette liberté  et cela m’a beaucoup inspiré », même s’il reconnaît que les premières années d’indépendance ont été une période difficile et souvent chaotique, en particulier au niveau économique.

L'attrait de l'étranger

Si Romas Zabarauksas est aujourd’hui francophone, il le doit au hasard de la carte scolaire. À l’école Basanaviciaus dont il dépend, on enseigne le français de manière renforcée. Il joue dans un club de théâtre francophone et se produit même à Lyon. Ce voyage le marque. « J’ai eu de la chance, mais il s’agit aussi du résultat de cette liberté », souligne-t-il. Dès que la Lituanie a rejoint l’Union européenne en 2004, Romas sait qu’il partira étudier à l’étranger. « Tout le monde voulait partir ». Pour lui, ce sera une licence de cinéma à ParisVIII et une année d’échange à New York pendant la troisième année.

« La Lituanie a créé ma carrière ». En devenant indépendant, le pays lui a offert toutes les possibilités de se développer et le jeune Romas sait ce qu’il lui doit. Ainsi, pour lui, tous ses succès sont aussi « les succès de la Lituanie ».

Trente ans après la chute de l’URSS, la Lituanie, tout juste2,8millions d’habitants, s’est fait le chantre de la démocratie. Depuis 2020, la république balte se bat, plus que jamais, sur tous les fronts. Le gouvernement soutient l’opposition démocratique biélorusse, a ouvert une représentation de Taïwan et depuis sixmois, doit faire face à un afflux considérable de migrants à la frontière avec la Biélorussie.

Il y a 30 ans, l’Islande reconnaissait l’indépendance de la Lituanie et appuyait ainsi les aspirations démocratiques de ce petit pays alors complètement inconnu. Aujourd’hui, Vilnius veut jouer un rôle semblable, ce qu’approuve Romas Zabarauskas.« La démocratie, c’est se battre et la défendre, elle n’est pas donnée », relève le trentenaire. Pour autant, il ne pense pas que l’indépendance de son pays soit en danger. En 2004, la Lituanie a rejoint l’Union européenne et l’Otan, deux institutions clés assurant sa sécurité.

Optimiste sur la question LGBT

Il regrette pourtant que 30ans n’aient pas suffi à faire avancer les droits de l’homme, notamment ceux concernant la communauté LGBT. Faire voter un PACS à la lituanienne était bien au programme de la coalition gouvernementale arrivée au pouvoir il y a un an. Le premier projet de loi a été rejeté à quelques voix près, la version remaniée est encore en discussion dans les comités parlementaires, sans date pour son vote plénière. Par exemple, l’Estonie, la voisine balte de la Lituanie, a déjà une union civile ouverte à tous les couples depuis 2014. Le cinéaste reste pourtant optimiste. «Les gens sont de plus en plus ouverts», observe-t-il.Il y a quelques années, le jeune homme a posé avec son compagnon en couverture de l’hebdomadaire le plus lu de Lituanie.

Ces dernières semaines, le retrait de la statue d’un écrivain qui a collaboré avec le pouvoir soviétique a agité la société. «Si cette sculpture gêne, il faut l’enlever. Ce passé était brutal et a détruit la société», estime le cinéaste. Mais dans ce cas, il souhaiterait aussi que tous les monuments dédiés à des héros lituaniens qui se sont révélés avoir collaboré avec les Nazis soient aussi retirés de l’espace public.

Romas Zabarauskas travaille actuellement sur son prochain long-métrage. Il sera intitulé L’activiste. Il attend des réponses pour son financement. Ainsi, il pourra distribuer son film à l’étranger et continuer de contribuer au rayonnement de son pays. Comme le jeune homme le relève, en Lituanie on reste depuis ces années «des Européens toujours très optimistes».

À lire aussi :Génération post-soviétique: de Stavropol à Moscou, en passant par Sacramento

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